Industrie Hôtelière

De la poule… aux brebis

La poule aux oeufs d’or, nous avons bien failli ne plus y croire !
Mais les mythes sont tenaces : blotties dans leurs nids fiscaux, les gallinacées de l’hôtellerie et de la restauration devraient encore pouvoir produire quelques deniers, fort utiles à nos finances publiques… C’est à peu près l’image qui ressort de la considération que portent notre intelligentsia politique aux métiers de l’industrie hôtelière.
Dans une interview exclusive de Sylvia Pinel, ministre de l’Artisanat, du Commerce et du Tourisme, accordée au Synhorcat pour notre cahier Indep’Info, voici ce que nous apprenons : «Le gouvernement va réexaminer le dispositif de la Tva réduite. Une discussion va s’ouvrir. Nous préciserons à la rentrée aux professionnels du secteur les contreparties qui seront demandées en matière de créations d’emplois, de prix, de conditions de travail.» Retour à la case départ ?

Les jeux ne sont-ils pas déjà faits ? Du petit patron indépendant aux grandes chaînes… tout le monde se retrouvera, comme d’habitude, dans le même panier, sans les mêmes moyens. L’un des rares secteurs économiques encore péniblement debout, grâce notamment à la passion acharnée de ses petits artisans, devra de nouveau se serrer la ceinture.
Quelles réactions ? Pas facile de se déchaîner quand le discours est toujours creux. Côté Umih-GNC, on «se félicite» déjà des bonnes relations avec la nouvelle ministre, après avoir récité les doléances officielles habituellement servies aux rares assistants présents aux assemblées générales, pris pour un troupeau de brebis égarées : les emplois, les mises aux normes, la formation professionnelle, la concurrence déloyale, etc.
Un plateau d’argent pour le gouvernement, qui n’a qu’à dire : je vous ai compris ! Et on attendra sagement septembre… et plus si affinités ?
Car de son côté, Sylvia Pinel applique la méthode gouvernementale : le pragmatisme soporifique. Sa «volonté d’être à l’écoute des professionnels et d’établir une nouvelle méthode de travail avec les organisations» a suffi à charmer l’assemblée gérontocratique, se voulant représentative de toute une profession.
Pourtant, on se demande si les auto-proclamés «gardiens du troupeau» ne prennent pas cyniquement, eux aussi, leurs brebis pour des poules aux oeufs d’or. Finiront-ils tous par les dévorer dans un joyeux festin apocalyptique ?

Francis Luzin

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