Les négociations d’une convention collective sont toujours longues et difficiles. Celles du secteur de l’hôtellerie-restauration le sont peut-être un peu plus que la moyenne. L’explication vient de ce que ce secteur est très diversifié, avec un grand nombre d’entreprises de cinq salariés ou moins et quelques rares grandes entreprises de plus de 100 salariés. La représentation syndicale salariée concerne surtout les plus grandes entreprises qui emploient 12 000 salariés sur les 600 000 que compte le secteur. Les avantages sociaux dont bénéficient les salariés de ces grosses entreprises sont largement plus avantageux que ceux des petites entreprises. D’où la difficulté de trouver un terrain d’entente. Les syndicats patronaux qui regroupent 100 000 chefs d’entreprise, soit la très grande majorité du secteur, proposent des améliorations notables du statut du plus grand nombre des salariés. Malheureusement, les représentants salariés issus des grandes entreprises ne considèrent pas ces avantages comme des avancées pour leurs entreprises, même si elles le sont objectivement pour la quasi-totalité des salariés des petites entreprises. Dans un contexte de recherche d’amélioration de l’emploi pour la totalité du secteur, il est difficile de décider d’asphyxier 80 % des entreprises du CHR. Dans le même temps, il est à parier que les salariés des petites entreprises ne rejetteraient pas une augmentation de leurs jours de congés ou de leur rémunération. On ne peut édicter des règles, dans un secteur économique, en s’alignant sur les avantages sociaux des plus élevés. L’attitude rigide de certains syndicats salariés pourrait pousser les patrons à prendre acte d’un désaccord définitif, ce qui serait la plus mauvaise solution. La négociation est un élément essentiel de notre système économique et social, mais elle ne peut aboutir à des situations de force qui privent la majorité d’avantages sociaux qu’elle attend.
Industrie Hôtelière