Au fil des assemblées générales, les syndicats constatent partout un effritement des adhésions. En moyenne, les entités départementales de l’Umih ont perdu sur deux ans approximativement 10 % de leurs adhérents.
Les enjeux actuels sont pourtant considérables : concurrence sauvage du para-commercialisme ; un nouveau classement hôtelier taillé sur mesure pour les chaînes, obligeant la plupart des petits établissements à rétrograder d’une étoile ; des mises aux normes d’accessibilité représentant des investissements ubuesques et poussant les hôteliers indépendants à se convertir en chambres d’hôtes ou à cesser leur activité…
L’érosion du syndicalisme, reflète très exactement la disparition d’un métier : l’industrie hôtelière telle qu’on pouvait la concevoir dans sa diversité et son indépendance.
Le manque d’adhérence, c’est cette désolidarisation entre un métier et ses représentants : l’image et la politique ne collent pas avec la réalité sur le terrain.
Ces petits établissements qui se battent au quotidien pour subsister n’adhèrent plus, car ils ne sont pas défendus. Leurs chiffres d’affaires, sans doute trop dérisoires pour leur donner une visibilité, ne reflètent pourtant pas leur véritable importance. Ce sont eux qui font la richesse de notre pays. C’est grâce à eux que notre tourisme ou notre gastronomie, situés parmi les principaux leviers de croissance de notre économie, pourront continuer de se développer.
Face aux fléaux d’une profession en voie de précarisation, les syndicats poursuivent leurs discours : modernisez vous, mettez vous aux normes, accrochez vos nouvelles étoiles, devenez Maître Restaurateur…
Ces refrains entonnés dans chaque assemblée générale, sont perçus comme du bourrage de crâne déconnecté des vrais soucis du quotidien.
En France, au moins un établissement ferme définitivement ses portes chaque jour. C’est cette hémorragie qu’il faudrait très vite commencer à soigner.
Francis Luzin