La cellule investigation de France Info a révélé que la plateforme numérique Airbnb de mise en relation entre particulier de location de meublée de tourisme, propose depuis plus de trois ans aux hôtes qui utilisent son site d’être directement payés sur une carte de crédit rechargeable émise depuis Gibraltar où l’entreprise américaine a obtenu le statut d’Electronic money institution.
Cette carte de débit prépayée est fournie grâce à un partenariat avec l’entreprise Payoneer, dont le siège européen est basé à Gibraltar.
Ce partenariat, bien que légal, représente une possibilité avérée de fraude fiscale mise à disposition des propriétaires de logements meublés pour des nuitées de courte durée, notamment au regard des difficultés rencontrées par l’administration fiscale française pour y obtenir des échanges d’informations bancaires.
Ainsi, l’ensemble des bénéfices réalisés lors de la location de meublés via la plateforme peuvent être versés sur un compte Payoneer dont le propriétaire du meublée peut faire usage ensuite, via sa carte de débit Mastercard aux couleurs d’Airbnb, pour retirer des espèces en distributeur et comme moyen de paiement.
Du côté des hôteliers, le Groupement national des indépendants (GNI) et l’AhTop (Association pour un Hébergement et un Tourisme Professionnels) qui regroupe plus de 30 000 professionnels de tourisme, dénoncent dans un communiqué "une nouvelle dérive d’Airbnb" et appellent les pouvoirs publics pour une réaction extrêmement ferme et à la mesure de ces agissements révélés dans le système Airbnb. "Il ne peut y avoir d’Union possible et acceptable pour les citoyens européens si l’Union européenne devient le prétexte à une sorte d’incitation à la fraude fiscale, si elle devient un rempart contre l’égalité des citoyens devant la loi", commente Jean-Bernard Falco, Président de l’AhTop.
Du côté d’Airbnb France, la plateforme se défend malgré tout d’inciter ses hôtes (les propriétaires d’appartements meublés) à frauder. "Nous leur rappelons la nécessité de s’informer des réglementations fiscales applicables, et de s’y conformer" a précisé la plateforme.
6 décembre 2017