Toute l’industrie du tourisme de la cité mariale (11 000 chambres de capacité hôtelière), souffre des conséquences de la crise du coronavirus. En cause notamment : la baisse notable de la demande, à laquelle se sont ajoutées les différentes mesures gouvernementales visant à limiter dans un premier temps puis interdire ensuite les déplacements des pèlerins et des touristes (la ville peut accueillir jusqu’à 40 000 visiteurs/jour). Depuis 1858, Lourdes (Hautes-Pyrénées) n’a jamais connu une telle situation. « C’est la première fois que le sanctuaire est fermé », explique son maire Thierry Lavit.
Des hôteliers et des restaurateurs sinistrés
Cette désertion est un coup dur pour la 2ème ville hôtelière de France. Seulement un tiers de ses 138 hôtels ont rouvert cet été. Restaurants et cafetiers ont perdu au moins 40 % de leurs chiffres d’affaires, davantage pour certains. Au total, environ 80 % de la fréquentation de la ville est assurée par les pèlerinages, qui correspondent à 17 % des emplois touristiques de la région (soit 2 500 salariés en temps normal, majoritairement des saisonniers). « De quoi générer un manque à gagner de 4 millions d’euros pour la saison 2020. A la fin de la saison, nous allons approcher 7 % de chiffres d’affaires » précise l’hôtelier lourdais Pascal Chardonnet, ex-président départemental du GNI.
La crise sanitaire intervient au pire moment pour la ville, boudée par certains fidèles depuis des années. Entre 2010 et 2018, la fréquentation est ainsi passée de 800 000 à 450 000 pèlerins. Elle est en chute continue depuis 2008, année du 150e anniversaire des apparitions, indique Pascale Fourticq, directrice l’office de tourisme de Lourdes.
« A Lourdes, les hébergements enregistrent habituellement 2,8 millions de nuitées sur la saison. Pour cette année, on sera aux alentours de 100 000 à 150 000. Il nous manque actuellement les touristes étrangers puisque Lourdes est également fréquentée par les Italiens, les Espagnols et les Anglais », détaille-t-elle. Cependant, elle veut rester optimiste pour les mois de septembre et octobre, avec un retour des pèlerinages notamment le grand pèlerinage du Rosaire début octobre.
S’adapter malgré tout
Pour faire face à cette crise inédite, certains établissements hôteliers s’adaptent au jour le jour, selon les réservations de dernière minute et ferment quand la fréquentation n’est pas assez rentable. « C’est difficilement jouable pour une entreprise de facturer trois à quatre clients par jour, on est dans l’attente de voir quand les sanctuaires pourront accueillir plus de monde », souligne Christian Gelis, président de l’Umih des Hautes-Pyrénées et patron de l’hôtel Notre-Dame-de-Lorette.
En juillet, le taux de remplissage habituel est de 60 % et dépasse 80 % en août avec le Pèlerinage National des Assomptionnistes du 15 au 17 août. « Aujourd’hui, le TO est à moins de 10 %. Moi-même, je n’ai pas ouvert ma vingtaine de chambres et je n’ai pas embauché les trois ou quatre saisonniers habituels. En attendant, certains peinent à s’en sortir donc il faut rapidement que les aides du plan tourisme annoncées par le Gouvernement soient tenues. Sans cela, il y aura 20 à 25 % de dépôts de bilan », insiste Christian Gelis.
P.G.
Sources : Le Parisien, FR3 Occitanie, Industrie Hôtelière