L’Industrie hôtelière publie ce mois-ci son 600e numéro. Fondé en 1951, le magazine de la profession a accompagné, depuis cette date, toutes les mutations de l’hôtellerie. Durant ces cinquante-cinq années, l’hôtellerie française a connu une formidable mutation, suivant une phénoménale explosion du tourisme, autant sur le plan quantitatif que qualitatif. Les modes de vies ont suivi l’enrichissement des pays européens et ce qui apparaissait comme un très grand luxe et même un très grand confort en 1965 étonnerait par sa modestie aujourd’hui.
Ces bouleversements, même s’ils ont fait naître une hôtellerie de chaîne conséquente, n’ont pas fait disparaître l’hôtellerie indépendante. Celle-ci s’est bien défendue en France, davantage que dans de nombreux pays industrialisés. D’autant que la France a su faire vivre harmonieusement, de façon conjointe, son hôtellerie et sa restauration. Le résultat en est un maillage unique du territoire d’hôtels restaurants de catégories différentes qui permettent un tourisme fort bien réparti. Pourtant, dans ce tableau exemplaire d’une profession qui a su mettre en valeur et conserver l’art de vie à la française et construire un secteur économique pourvoyeur de devises pour l’économie nationale, une ombre envahissante vient obscurcir l’horizon. L’explosion des charges sociales et fiscales due à un choix de société vient mettre en péril majeur cet extraordinaire capital que des centaines de milliers d’entrepreneurs avaient constitué grâce à leur travail harassant et à leur passion du métier. Le coût de la main-d’oeuvre dans notre pays et l’incitation à l’inactivité risquent de faire disparaître une part importante de ce secteur si pourvoyeur de devises et d’emplois.
L’hôtellerie et la restauration françaises, qui ont su investir et s’adapter aux évolutions du marché en sachant investir et modifier leur offre, risquent de buter lourdement sur le sujet du coût et de la disponibilité de la main-d’oeuvr